Le secteur financier suisse : naviguer entre fusions, durabilité et transformation numérique
Fusion UBS-Credit Suisse, finance durable, numérisation : le secteur financier suisse se réinvente. Quelles perspectives pour rester un leader mondial ?
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Éric Jaunin
5/8/20252 min read


Fusion UBS-Credit Suisse, finance durable, numérisation : le secteur financier suisse se réinvente. Quelles perspectives pour rester un leader mondial ?
Le secteur financier suisse, qui représente 9,1 % de notre PIB et emploie 215 000 personnes (source : Association suisse des banquiers, 2024), est un pilier de notre économie. Mais il traverse une transformation majeure. La fusion UBS-Credit Suisse de 2023, l’essor de la finance durable et l’adoption de technologies numériques redessinent notre paysage bancaire. À Zurich et Genève, où j’ai suivi ces évolutions, les enjeux sont clairs : comment rester un leader mondial tout en préservant notre souveraineté face aux pressions internationales ?
La fusion UBS-Credit Suisse : une consolidation risqué
En mars 2023, UBS a racheté Credit Suisse pour 3 milliards de francs, formant une banque géante avec un bilan de 1 500 milliards de francs, soit 2,2 fois le PIB suisse (source : Le Temps). Cette fusion a consolidé notre position, mais elle concentre 45 % des actifs bancaires suisses dans une seule entité (source : FINMA, 2024). En 2024, 3 000 emplois ont été supprimés, dont 1 800 à Zurich, impactant l’économie locale. Ce gigantisme pose un risque systémique : une crise chez UBS pourrait ébranler toute la Suisse.
La finance durable : un leadership à affirmer
La finance durable est un atout. En 2024, 1 200 milliards de francs d’actifs, soit 30 % du total géré en Suisse, suivaient des critères ESG (source : Swiss Sustainable Finance). Les obligations vertes ont levé 15 milliards de francs en 2024, un record (source : Le Temps), et 62 % des investisseurs institutionnels suisses privilégient désormais les placements durables (sondage PwC, 2024). Mais des critiques émergent : 25 % des fonds ESG manquent de transparence, selon une étude de l’EPFZ, ce qui nuit à notre crédibilité.
La révolution numérique : une nécessité
La numérisation est incontournable. En 2024, la Banque nationale suisse a testé une monnaie numérique (CBDC) avec 5 banques, représentant 80 % des transactions interbancaires suisses (source : BNS). SIX Digital Exchange, via la blockchain, a traité 2,3 milliards de francs de transactions numériques en 2024, un bond de 40 % par rapport à 2023 (source : World Bank). Mais les cyberattaques ont grimpé de 25 %, coûtant 1,2 milliard de francs aux banques suisses en 2024 (source : Le Temps), exigeant des investissements massifs en cybersécurité.
Les défis internationaux
La concurrence asiatique s’intensifie : Singapour a capté 18 % des flux de gestion de fortune en 2024, contre 12 % en 2020 (source : BCG). L’UE, dans les négociations post-2021, exige un accès accru à nos données bancaires, ce qui menace notre souveraineté financière. En 2024, 35 % des échanges financiers suisses dépendaient encore de l’UE (source : FINMA), rendant ces pressions critiques.
Une stratégie pour l’avenir
Pour rester leader, la Suisse doit investir 2 milliards de francs d’ici 2027 dans la cybersécurité et la numérisation (estimation PwC). Nous devons aussi renforcer la transparence des fonds ESG pour attirer les investisseurs, tout en négociant fermement avec l’UE pour protéger notre souveraineté. Des partenariats, comme celui avec la Banque mondiale pour les obligations numériques (1,5 milliard de francs levés en 2024), montrent la voie.
Conclusion
Le secteur financier suisse peut briller, mais il doit innover tout en défendant notre indépendance. Les chiffres parlent : avec une stratégie claire, nous resterons un leader mondial.