La Suisse face au populisme européen : deux visions pour l’avenir
Alors que le populisme gagne du terrain en Europe, de la Roumanie à l’Allemagne, la Suisse doit choisir sa voie. Deux visions s’opposent : renforcer notre souveraineté ou préserver notre diversité. Débat.
RUBRIQUE INTERNATIONALESOUVERAINETÉ ET SÉCURITÉ
Samuel Rothenbühler et Dr. Léa Roth
5/7/20253 min read


Alors que le populisme gagne du terrain en Europe, de la Roumanie à l’Allemagne, la Suisse doit choisir sa voie. Deux visions s’opposent : renforcer notre souveraineté ou préserver notre diversité. Débat.
La montée du populisme en Europe, illustrée par la victoire de George Simion en Roumanie (41 % au premier tour) et la progression de l’AfD en Allemagne (20,8 %), interroge l’avenir de la Suisse. Notre pays, champion de la démocratie directe, a lui-même une longue histoire avec le populisme : la SVP, avec 28 % des voix en 2023, est la première force politique nationale. Mais alors que l’Europe vacille, quelle direction devons-nous prendre ? Samuel Rothenbühler, militant UDC, et Léa Roth, sociologue, exposent leurs visions divergentes.
Samuel Rothenbühler : « Renforçons notre souveraineté face à l’UE »
La vague populiste en Europe est une chance pour la Suisse ! Partout, les peuples se réveillent contre les élites et Bruxelles. Simion en Roumanie, l’AfD en Allemagne : ils disent ce que l’UDC répète depuis des années : assez d’ingérence extérieure ! Nous, Suisses, devons saisir cette occasion pour renforcer notre souveraineté. L’UE est fragilisée par ces divisions, et c’est tant mieux. On doit en profiter pour refuser tout nouvel accord qui nous lie les mains, comme celui rejeté en 2021. Nos exportations – 55 % hors UE en 2023 – prouvent qu’on peut prospérer sans eux.
Le populisme européen montre aussi que les citoyens veulent contrôler leurs frontières. En Suisse, on doit suivre cet exemple. L’immigration met nos infrastructures sous pression : à Fribourg, les loyers ont grimpé de 10 % en deux ans à cause de l’afflux de travailleurs frontaliers. L’UDC l’a toujours dit : limitons l’immigration, protégeons nos emplois et nos traditions. La Suisse doit rester un îlot de liberté, pas une annexe de Bruxelles. Si l’Europe s’effrite, notre neutralité et notre démocratie directe seront un modèle pour le monde. Votons pour notre indépendance !
Dr. Léa Roth : « Protégeons notre diversité et notre cohésion »
Le populisme qui monte en Europe est un signal d’alarme, mais pas une solution. En Suisse, nous avons une chance unique : notre système de démocratie directe a permis d’intégrer des forces populistes, comme la SVP, sans basculer dans l’instabilité, contrairement à d’autres pays. Depuis 1991, la SVP est passée de 12 % à 28 % des voix, mais notre stabilité économique et sociale reste intacte. Pourquoi ? Parce que notre diversité – linguistique, culturelle, communale – est notre force. À Sur, où le romanche survit, ou à Genève, où 25 % des habitants sont étrangers, nous savons vivre ensemble.
Mais cette diversité est fragile. Le populisme, avec ses discours anti-immigration et anti-élites, peut fracturer notre société. À Trun, des tensions autour des demandeurs d’asile montrent que la peur de l’autre gagne du terrain. Nous devons répondre par l’inclusion, pas l’exclusion. Investissons dans l’intégration – cours de langue, échanges culturels – pour renforcer la cohésion. Nos traditions, comme la Désalpe ou la Bénichon, ne sont pas menacées par les étrangers, mais par l’uniformisation globale. Protégeons-les en les partageant, pas en nous repliant. La Suisse doit montrer à l’Europe qu’une démocratie diverse peut prospérer sans céder à la peur.
Un choix pour l’avenir
Samuel et Léa s’accordent sur un point : la Suisse doit rester fidèle à ses valeurs. Mais leurs visions divergent. Samuel voit dans le populisme une opportunité pour affirmer notre souveraineté face à une UE affaiblie, en phase avec les combats de l’UDC. Léa insiste sur la nécessité de protéger notre diversité pour éviter les fractures sociales. Alors que l’Europe bascule, à nous de choisir : une Suisse forteresse ou une Suisse ouverte, mais unie ? Le débat est lancé.